NOTE DE RECHERCHE ET D’INTENTION ARTISTIQUE


A l’origine était le dessin, puis le croquis, plus rigoureux, plus accaparant, dévorant les heures dans un univers semblant hors temps.

Alors, l’échange avec une certaine vision de la réalité se déclinera dans un espace temps plus rapide, la photographie.
Avec ces mêmes atouts de dévoiler des émotions, transcender le réel, lui offrir un autre cadre, une autre vibrance.

Engendrer un autre questionnement sur ce qui nous entoure. Quel est le poids et combien de voiles obscurcissent notre vision ?

Mais la photographie composée de reportages divers et variés, oscillant entre Noir/Blanc et couleur, ondulant parmi les paysages humains et les microcosmes, a ses limites tactiles. Dessins abstraits, sculptures, mixant papier mâché, bois, grillage, barbelé et tubes métalliques, accompagneront mes clichés.

Avec toujours des moments plus cachés, tus. Réflexions secrètes, confidences avec des bouts de bois morts, fragiles. À nettoyer, consolider, gratter, pour esquisser et faire ressurgir les portraits et silhouettes qui les façonnent, les dessinent...

Autant j’apprécie l’art abstrait, autant d’un visuel végétal, minéral jaillira la figuration. Capturée, je ne pourrai contempler ses formes, ses courbes, ses lignes sans y percevoir une forme humaine ou animale.

Echec photographique que seul pouvait relever le croquis. Révéler l’imagination imposée à mon regard.

Rendre immanente, inéluctable la présence de ces corps dits ‘bois morts’ recélant des vies d’apparences figées qui s’enlacent, s’entrelacent se juxtaposent, s’éclipsent, se développent, posant cette réflexion sur cette spirale exponentielle et son incessant mouvement de l’infiniment petit à l’inatteignablement grand, dans laquelle s’inscrit nos propres corps.

Dessiner non pas de tête et aller à l’essentiel selon le souvenir, mais échanger, prendre ce que ces bois me donnent.

Etre au plus proche d’eux, dans une relation de vivants, dans un face à face avec cette matière sinueuse, rugueuse, qui m’attire et me perds dans son dédale de détails humains, ondins, aériens.

Dessin et sculpture ne cessent de s’interpeler, obligeant une alternance continue pour permettre à l’œil de glisser sereinement le long d’une ligne, de caresser courbes et contrecourbes dans le vertigineux fractal, évoquant Benoît Mandelbrot.

Croquer pour entretenir ce savoir issu d’une conception asiatique qu’un maître dessin intraitable, m’aura transmis. Repenser le trait, le modèle, la distance, le lien entre toutes choses. Entretenir cette relation très particulière du dessin, pratiquement sans regard sur la page, juste pour reposer une mine égarée, où tout n’est que corrélation entre œil, main et crayon.

Croquis/dessin ; le temps de cette pause regard à la recherche d’un point, pour accentuer des corps qui s’imposent à ma vision.

Inéluctablement, une série de photographies, d’arbres et d’eau, s’est insérée dans cet espace, parachevant ce dessein d’offrir une autre vision d’un paysage et ses composantes. Rendre leur dignité à ces personnalités, marquées par le temps, empreintes d’histoires. Capter, dévoiler leur réalité, leur intimité, leur sensualité. Leurs résonnances où se reflète ce supra humain, défiant l’échelle de notre regard et proposant, à l'instar d'Emanuele Coccia, une autre lecture de l’ordre des espèces.

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